CRITERES DIAGNOSTIQUES DE L’APATHIE – 2018

NOTICE D’UTILISATION

L’apathie est un symptôme comportemental et psychologique très fréquent parmi les pathologies cérébrales. 

Au cours de la dernière décennie, les recherches sur l’apathie et la motivation ont considérablement progressé. Il était donc important de réviser les critères de diagnostic de l’apathie publiés en 2009 et de suggérer des outils d’évaluation adaptés, incluant les nouvelles technologies.

A la suite de cette mise à jour,  l’apathie est définie comme une réduction quantitative de l’activité dirigée par rapport au niveau de fonctionnement antérieur du patient (critère A). Les symptômes doivent persister pendant au moins quatre semaines et toucher au moins deux des trois dimensions de l’apathie (comportement / cognition, émotion, interaction sociale, critère B). 

Cette mise à jour a été réalisée grâce à la collaboration d’un groupe d’experts internationaux qui a publié l’article en lien dans le Journal European Psychiatry  http://www.innovation-alzheimer.fr/wp-content/uploads/2018/09/European-Psychiatry-Apathy-2018.pdf

La description complète des critères en Français et en Anglais est disponible sur ce lien http://www.innovation-alzheimer.fr/wp-content/uploads/2018/09/CRITERIA-APPENDIX.pdf

Cette notice à pour objectif de rappeler les grands principes cliniques permettant d’utiliser au mieux les critères.

Comme pour toute évaluation en pratique courante, il est important d’utiliser le maximum d’éléments sur les comportements et émotions du patient. Pour cela plusieurs sources d’informations sont disponibles. Idéalement c’est l’utilisation de l’ensemble de ces sources qui permet le meilleur diagnostic mais il n’est pas toujours possible d’avoir accès à toutes ces informations. Voici quelques règles:

  • TOUJOURS UTILISER LES SYMPTÔMES OBSERVÉS LORS DE L’ENTRETIEN (réponses aux questions, expression spontanée, attitude et implication dans la relation, point de vue subjectif du patient, scores aux échelles d’évaluation des comportements). Ce sont ces éléments qui, en l’absence d’autres informations, permettront de compléter les critères diagnostiques de l’apathie
  • TOUJOURS PRENDRE EN COMPTE L’HISTOIRE DU SUJET et de ses relations sociales habituelles, de sa personnalité habituelle, des informations données par l’accompagnant (quand il est présent),
  • QUAND UN ACCOMPAGNANT FAMILIAL OU PROFESSIONNEL EST PRÉSENT les informations sur la vie quotidienne ou sur les troubles du comportement  qui peuvent être récoltées soit spontanément soit en utilisant une interview comme l’Inventaire neuropsychiatrie (NPI) ou le Mild Behavioral Impairrment (MBI), sont un bon complément.
  • QUAND UN BILAN COGNITIF/COMPORTEMENTAL EST RÉALISÉ il est aussi important d’observer ou d’avoir une information sur  l’implication du patient au cours des tests.
  • L’OBSERVATION DU PATIENT DANS D’AUTRES SITUATIONS (utilisation de jeux sérieux, séances de stimulation individuelles ou en groupe) ou les informations obtenues par l’utilisation de nouvelles technologies (capteurs, vidéo, audio ou moteur) peuvent aussi être utiles.
  • L’UTILISATION DES CRITÈRES DIAGNOSTIQUES DE L’APATHIE A LIEU quand le maximum d’informations a été recueilli. Les critères diagnostiques doivent être complétés par le clinicien / la clinicienne  (médecin, psychologue, orthophoniste et tout autre soignant formé à l’entretien clinique)

L’ensemble des informations sur les critères diagnostiques, les échelles d’évaluation de l’apathie,  les modalités d’utilisation des nouvelles technologies et d’autres informations sont disponibles en cliquant directement sur les mots en bleu dans ce document.

  •  INFORMATION SUR LA CRITÈRE A

Il existe une réduction quantifiable de l’activité dirigée vers un but par rapport à l’état précédent de fonctionnement du patient dans les domaines soit des comportements / cognition, des émotions ou des interactions sociales. Ces changements peuvent être rapportés par le patient lui-même ou l’observation extérieure.

Se rappeler la définition des comportements / activités dirigés vers un but: Comportements / activités orientés vers un but ou la réalisation d’une tâche.

  • INFORMATION SUR LA CRITÈRE B: Il comprend 3 dimensions

COMPORTEMENT ET COGNITION
EMOTION
INTERACTIONS SOCIALES

Chacune des 3 dimensions  comporte 5 exemples / situations. Pour chacun il faut indiquer si le patient présente la réduction/perte/diminution illustrée dans l’exemple (réponse OUI) ou si ce n’est pas le cas (réponse NON)

Les exemples / situations  illustrent des situations où sont mises en jeu les capacités d’initiation (ex Emotions spontanées) ou la réponse aux sollicitations de l’environnement (ex réactions émotionnelles face à l’environnement)

L’entretien clinique doit donc inclure des questions correspondant aux exemples / situations décrites pour chaque dimension. Il est préférable de poser les questions dans l’ordre de présentation des dimensions (1,2,3) mais il est bien sûr possible de prendre en compte les informations spontanément délivrées par le patient et/ou son accompagnant.

D’une manière indirecte il existe aussi quelques éléments qui peuvent être utiles au cours de l’entretien et aider à mieux coter en OUI ou NON chacun des exemples / situations. Ces éléments dépendent bien sûr du contexte de l’entretien (en consultation, au cours d’un bilan  pour un patient résident ou hospitalisé). 

  • l’intérêt  pour la situation d’entretien : mimique, attention, contact visuel
  • l’intérêt pour le personnel (Cherche-t-il à connaître les fonctions de professionnels, les prénoms ?)
  • l’intérêt pour les autres patients ou résidents
  • l’intérêt pour son état de santé, 
  • la quantité et la qualité des détails fournis lors de l’évocation de ses intérêts personnels
  • les demandes sur son environnement habituel, sa famille
  • la volonté de participer à des ateliers ou des animations 
  • le nombre d’intérêts évoqués lors du jeux d’intérêt explorant d’une manière objective ses intérêts
  • les capacités à exprimer une réaction émotionnelle au cours d’une conversation avec un thème humoristique, ou au contraire à l’évocation de quelque chose de triste
  • les capacités à exprimer une réaction émotionnelle quand une récompense est proposée (par exemple dans une situation de test , de jeu) 
  • la réaction à l’évocation du diagnostic ou du résultats d’examens complémentaires, notamment lors de la visite médicale
  • les capacités spontanées de prendre la parole, à s’intégrer à la conversation
  • AU MOMENT DE COMPLÉTER LES CRITÈRES DIAGNOSTIQUES ET EN PARTICULIER LA COTATION DE CHACUN DES EXEMPLES / SITUATIONS, le  clinicien/ la clinicienne utilise l’ensemble des informations disponibles. Dans les rares cas ou le clinicien / la clinicienne malgré tous ces efforts estime qu’il manque d’information pour répondre,  il doit par défaut utiliser le choix NON
  • INFORMATIONS DISCORDANTES: Il arrive parfois que les informations recueillies (informations venant du patient, de son entourage, de l’observation directe)  soient discordantes. Dans ces cas  le clinicien / la clinicienne doit essayer grâce à son expérience de faire la meilleure synthèse possible en privilégiant, si nécessaire, les données recueillies lors de l’entretien.